Adolphe BRUYÈRE, capitaine de cavalerie, lieutenant-colonel d’infanterie, officier d’académie en 1914, croix de guerre avec palme en 1915, chevalier de la légion d’honneur en 1916, 69ème vénérable de la loge « L’Amitié et Fraternité » de 1925 à 1928, commandant du peloton des élèves officiers de réserve à l’école spéciale militaire de St-Cyr en 1929,promu officier de la légion d’honneur en 1929, est né à Haussy (Nord) le 13 juillet 1878. Il était le fils d’Adolphe BRUYÈRE, tisseur, et de Célina DOUAY, ménagère.
Acte de naissance :
« L’an mil huit cent soixante dix huit, le treize juillet à l’heure de midi, par devant nous Adolphe PIEDONNA, maire, officier de l’état civil de la commune d’Haussy, canton de Solesme, arrondissement de Cambrai, département du Nord, a comparu Adolphe BRUYÈRE, âgé de vingt six ans, tisseur, domicilié à Haussy, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né de lui déclarant, en sa demeure sise en cette commune rue des Cavées, et de Célina DOUAY, âgée de vingt deux ans, ménagère, son épouse, et auquel il a donné le prénom de Adolphe, les dites déclaration et présentation faites en présence de Antoine SORRIAU, âgé de quarante ans, tisseur, et de Henri PLOUCHART, âgé de trente ans, aussi tisseur, tous deux domiciliés à Haussy. Et nous en avons dressé le présent acte que le père et les témoins ont signé avec nous, le tout après qu’il leur en a été fait lecture ».
BRUYÈRE Adolphe
PLOUCHART
SORRIAU
PIEDONNA A.
Lignée BRUYÈRE :
BRUYÈRE Adolphe, lieutenant-colonel
° Haussy (Nord) 13 juillet 1878
Fils de BRUYÈRE Adolphe, tisseur
° Haussy 5 mai 1852 à 3 heures du matin, au domicile de ses parents, enclos de l’église.
Témoins : Charles BLEUSE, 34 ans, garde champêtre, et Augustin LEMAY, 48 ans, ménager, demeurant tous deux à Haussy.
x Haussy 4 avril 1877 Célina DOUAY, 20 ans et 3 mois, née à Haussy le 28 décembre 1856, décédée à Poix-du-Nord le 19 mai 1933 à 20 heures, rue des Warennes, fille de Jean Baptiste DOUAY, 62 ans, tisseur, et d’Émérancienne DESCAMPS, 61 ans, fileuse.
Témoins : Édouard LEDUC, 33 ans, tisseur, beau-frère de l’époux, François LASSON, 31 ans, instituteur, ami de l’époux, Joseph DOUAY, 29 ans, et Armand DOUAY, 24 ans, tous deux tisseurs et frère de l’épouse, demeurant tous à Haussy.
+ Poix-du-Nord (Nord) 7 février 1911 à 7 heures du soir en sa demeure, rue des Warennes.
Témoins : Adolphe BRUYÈRE, 33 ans, lieutenant au 6e régiment de chasseurs à cheval à Lille, fils du défunt, et Émile LECUYER, 26 ans, tisseur, domicilié à Haussy.
Fils de BRUYÈRE Adolphe, préposé des douanes (1832), journalier, tisseur
° Zous, arrondissement de Cologne (*), 13 février 1806
x Haussy 19 décembre 1832 Célestine Joseph MAIRESSE, fileuse, ménagère, née à Haussy le 15 mars 1811 à 6 heures du matin, fille d’Albert MAIRESSE, mulquinier (**), et de Jeanne Thérèse DOUAY, fileuse.
Témoins : Pierre DELGRANGE, cultivateur, 30 ans, ami de l’époux, Nicolas FIEVEZ, piqueur de grès, 36 ans, Édine GIBIARD, lieutenant des douanes, 44 ans, et Romain LECLERCQ, préposé des douanes, 38 ans, tous 4 demeurant à Haussy et non parents des époux.
+ Haussy 5 décembre 1876 à 9 heures et demie du matin, en sa demeure, rue des Cavées, âgé de 70 ans.
Témoins : Adolphe BRUYÈRE, 24 ans, tisseur, fils du défunt, et Édouard LEDUC, 33 ans, tisseur, beau-fils du défunt, demeurant tous deux à Haussy.
(*) L’arrondissement de Cologne est une ancienne subdivision administrative française du département de la Roer créée le 17 février 1800 et supprimée le 11 avril 1814.
(**) Mulquinier = tisseur de batistes, étoffes de toile fine de lin utilisées pour l’habillement.
Fils de BRUYÈRE François, lieutenant préposé des douanes, receveur des domaines
° Bavay (Nord), ayant demeuré à Schutzenberg
x Villers-Sire-Nicole 1793 Marie Joseph Ursmarinne DENAMUR, fileuse, née à Villers-Sire-Nicole le 20 mars 1773, décédée à Haussy le 4 avril 1846 à 1 heure du matin au dit lieu Grande-Rue, âgée de 73 ans, fille de Philippe Joseph DENAMUR, tonnelier, et de Marie Joseph AUBERT.
+ Zous 9 mars 1814
dont également :
BRUYÈRE Marie Françoise Aurélie, bouchère
° Villers-Sire-Nicole 5 messidor An III (24 juin 1895) à 8 heures du soir. Déclaration du père, lieutenant préposé des douanes, assisté de Charles TERNISIEN, capitaine général des douanes nationales, 40 ans, domicilié à Solesmes, et de Marie Françoise Joseph AUBERT, 35 ans, fermière à Villers-Sire-Nicole.
* Le Grand Écho du Nord de la France : Édition du 27 juin 1898
« La centenaire de Maubeuge. – Vendredi 24 juin 1898, Mme Aurélie Bruyère, veuve Douai, est entrée dans sa 104e année. Née à Villers-Sire-Nicole le 5e jour du mois de messidor, 3ème année de la République, à 8 heures du soir ainsi qu’il appert des registres de l’état civil de la commune de Villers-Sire-Nicole.
Aurélie Bruyère passa sa jeunesse en Alsace, où son père fut envoyé comme officier des douanes. Mariée avec M. Pasture, boucher à Maubeuge, mère de trois enfants, elle devint veuve et se remaria le 6 novembre 1827, à l’âge de 43 ans, avec M. DOUAI, également boucher. De cette union naquirent deux enfants, un garçon, aujourd’hui décédé, et une fille, Mme Petiteville.
Jeudi et vendredi de nombreux parents et amis se sont rendus à la riante petite maison qu’elle habite pour présenter à la vénérable centenaire leurs félicitations et leurs vœux.
* Le Pays ; Édition du 8 novembre 1899
« Nord. – Mort d’une centenaire. – Une centenaire populaire dans toute la région du Nord, Mme Aurélie Bruyère, veuve Douay, vient de s’éteindre le 1er novembre à Maubeuge, à l’âge de cent quatre ans et quatre mois.
Le décès de Mme veuve Douay met en deuil la corporation des bouchers de Maubeuge. Elle était en effet mère, belle-mère, aïeule, bisaïeule, tante, grand’tante de presque tous les bouchers de la ville.
Le 18 juillet 1896, seulement cinq jours après son dix-huitième anniversaire, Adolphe BRUYÈRE se rend au Quesnoy (Nord) pour s’engager dans l’armée avec un contrat de 4 ans.
Signalement : Cheveux châtains, yeux gris-bleus, front bas, nez épaté, visage ovale, taille 1m66.
Il est affecté au 1er régiment d’infanterie comme soldat de 2e classe. Nommé caporal le 6 mars 1897, il devient sous-officier le 19 septembre de la même année avec le grade de sergent-fourrier (sous-officier chargé de l’intendance), puis sergent le 1er février 1898. Alternant les fonctions, il est nommé sergent-fourrier le 4 octobre 1898, sergent le 1er mai 1899 et à nouveau sergent-fourrier le 27 juillet 1899.
Son engagement ayant pris fin, il est versé dans la réserve de l’armée active le 18 juillet 1900.
Revenu à la vie civile et s’étant accordé une courte période de réflexion, il décide le 8 novembre 1900 de se réengager pour 2 ans, toujours dans le 1er régiment d’infanterie en garnison à Avesnes et à Cambrai. Il y retrouve son grade de sergent , puis sergent-fourrier le 24 avril 1901, puis enfin une promotion au grade de sergent-major le 13 juillet 1902.
A nouveau passé dans la réserve de l’armée active le 8 novembre 1902, il attend jusqu’au 29 mai 1903 pour s’engager pour la troisième fois. Mais cette fois-ci, il s’engage pour 3 ans dans la cavalerie. Il est affecté au 21e régiment de dragons comme dragon de 2e classe.
Dès le 4 août 1903 il est nommé brigadier fourrier. Il est promu maréchal-des-logis-fourrier (sous-officier de cavalerie chargé spécialement des écuries) le 19 septembre 1903, puis maréchal-des-logis le 7 décembre suivant.
Il n’attend pas la fin de son contrat et dès le 15 septembre 1905, il en « reprend pour 3 ans » à compter du 29 mai 1906 afin d’intégrer l’École d’Application de Cavalerie de Saumur (Maine-et-Loire) le 30 mars 1906 en tant que maréchal des logis élève officier.
Pour cause de maladie, et par décision ministérielle du 9 mai 1906, il est rayé des cours des élèves officiers à compter du 11 mai suivant, date à laquelle il est réintégré au 21e régiment de dragons.
Il reprend les cours de l’École d’Application de Cavalerie du 1er avril 1907 au 29 février 1908 inclus. Il y obtient le numéro 46 du classement sur 66 élève et la note générale « Bien ».
Il est alors promu sous-lieutenant de cavalerie par décret du 7 mars 1908.
Profitant d’une permission à la fin de sa formation, il se marie le 23 mars 1908 à Cambrai où il épouse Marthe Reine Lydie WAGNER.
Acte de mariage :
« Le vingt trois mars mil neuf cent huit ont contracté mariage à Cambrai : Adolphe BRUYÈRE, né à Haussy (Nord) le treize juillet mil huit cent soixante dix huit, sous lieutenant au 6e régiment de chasseurs à cheval, demeurant à Saumur, domicilié à Poix-du-Nord, fils de Adolphe BRUYÈRE et de Célina DOUAY, son épouse,
Et Marthe Reine Lydie WAGNER, née à Proville (Nord) le vingt un décembre mil huit cent quatre vingt six, sans profession, domiciliée à Cambrai, fille de Théophile Jules Isidore WAGNER et de Louise Thérèse Rufine DEMARLIER, son épouse.
Contrat de mariage fait le vingt mars mil neuf cent huit devant Maître Henri VARÉ, notaire à Douai.
Acte dressé le 3 février mil neuf cent vingt six par la première section de la Commission de Reconstitution des Actes de l’État Civil de l’Arrondissement de Cambrai.
Le Rapporteur, signé : E. LECLERCQ. »
Marthe Reine Lydie WAGNER est donc née à Proville, près de Cambrai, le 21 décembre 1886 à 11 heures du soir, en la demeure de son aïeul, faubourg de Paris, fille de Théophile Isidore Jules WAGNER, 32 ans, maître cordonnier au 1er régiment d’infanterie, domicilié à Cambrai, et de Louis Thérèse Rufine DEMARLIER, sans profession, son épouse.
Les témoins de son acte de naissance furent Grégoire TERRENCÉ, 50 ans, maître tailleur au 1er régiment d’infanterie, et Eugène DUSSAUX, 28 ans, maître tailleur au 5e régiment de cuirassiers, tous deux domiciliés à Cambrai.
Le 1er avril 1908, Adolphe BRUYÈRE intègre le 6e régiment de chasseurs en garnison à Lille, avec le grade de sous-lieutenant.
Le 20 janvier 1909 « en se rendant au travail à cheval des éclaireurs est tombé avec son cheval et a été atteint de fracture du 4ème métatarsien droit avec contusion du pied ».
Le 1er avril 1910, il est promu lieutenant.
Par arrêté ministériel du 7 février 1914 il est fait officier d’académie.
Puis, le 22 mars 1915, par décision ministérielle publiée au Journal Officiel des 5, 6 et 7 avril 1915, il est promu capitaine, et une semaine plus tard, le 29 mars, il retrouve l’infanterie en étant affecté capitaine à titre temporaire au 110e R.I.
Le 14 juin 1915, il est décoré de la Croix de Guerre avec palme : « … pour travail très actif et soutenu de jour comme de nuit, a remarquablement organisé la partie de subdivision de secteur qu’il occupait, a fait preuve de beaucoup d’énergie en maintenant ses hommes au travail malgré le bombardement incessant des Allemands ».
Le 21 septembre 1915 « aux tranchées de la Miette en dirigeant des travaux en première ligne a reçu un rondin sur le pied droit qui lui a fracturé le 5ème métatarsien ».
Le 17 mars 1916, il est cité à l’ordre de l’Armée : « Officier énergique et très méritant, a rendu beaucoup de services depuis le commencement de la campagne. Le 28 février 1916, commandant sa compagnie, a résisté à toutes les attaques ennemies, fauchant les colonnes d’attaque sous son feu et permettant ainsi à son chef de bataillon d’arriver à temps pour contre-attaquer l’ennemi ».
Le 18 juin 1916, il reçoit la Croix de chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur.
Dix jours plus tard, le 28 juin 1916, il est muté au 362e régiment d’infanterie. Ce régiment a été saigné à blanc le 21 février précédent lors du déclenchement de la Bataille de Verdun. Stationné dans le village d’Hautmont-près-Samogneux, il a subi le bombardement et l’assaut allemand de plein fouet. Sur les 8 compagnies, seuls 300 hommes sont restés en vie. 27 officiers ont été mis hors de combat.
« Arrivé au corps le 28 juin 1916 comme capitaine venant des capitaines du 110e R.I. »
Le 8 novembre 1916, par décision du général commandant le 30e bataillon, il passe au 366e régiment d’infanterie stationné à Vermandovillers dans la Somme.
On le retrouve après la guerre quand, le 1er juin 1922 il envoie le récépissé de son brevet de chevalier de la légion d’honneur. Il est alors capitaine au 110e régiment d’infanterie en garnison à Dunkerque.
A Dunkerque, il est membre de la loge « L’Amitié et Fraternité » dont il est le vénérable de 1925 à 1928.
Promu chef de bataillon (commandant), en 1929 il est muté à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr (Seine-et-Oise)pour commander le peloton des élèves officiers de réserve.
Par décret du 25 décembre 1929, sur le rapport du ministre de la Guerre, il est promu officier de la légion d’Honneur.
Par la suite il sera promu lieutenant-colonel.
Le Grand Écho du Nord de la France rapporte dans son édition du 8 juillet 1935 :
« Le 28ème concours régional de gymnastique de l’Union de Flandre et l’assemblée générale de la F.N.C. du diocèse de Lille. – … à l’hippodrome du Croisé-Laroche… Le banquet – A 13 heures 30, un banquet de deux cents couverts fut servi dans le grand hall des bâtiments des Champs de Course. Le repas fut présidé par M. le général de Castelnau qui avait à ses côtés à la table d’honneur : MM. …le colonel Bruyère, représentant le général Mussel, commandant la 1ère région…
Lieutenant-colonel à la retraite il se retirera à Lambersart (Nord), 100, avenue Pasteur où son épouse décédera le 1er novembre 1937 à midi.
Le Grand Écho du Nord de la France : Édition du 3 novembre 1937.
FUNÉRAILLES – Vous êtes priés d’assister aux Convoi, Services et Funérailles de
Madame Marthe WAGNER
épouse du Lt colonel Adolphe BRUYÈRE, décédée à Lambersart dans sa 51e année, munie des Sacrements, lesquels auront lieu le jeudi 4 novembre 1937, à 10 heures, en l’église Saint-Sépulcre à Canteleu. Inhumation au cimetière dudit lieu. Assemblée, 100 avenue pasteur à 9h45.
De la part du Lt colonel Adolphe BRUYÈRE, officier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre, et de toute la famille.
Le présent avis tient lieu de faire-part.
Pendant la seconde guerre mondiale, réfugié en Haute-Vienne, Adolphe BRUYÈRE écrit à Vichy, au Grand Chancelier de la Légion d’Honneur.
« Saint-Léonard de Noblat – 19 novembre 1941
Le colonel en retraite Bruyère Adolphe à Monsieur le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur, Vichy.
J’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance qu’il me soit remis un duplicata de mon diplôme d’officier de la légion d’honneur.
Au début de juin 1940, Lambersart (Nord) mon domicile, ayant été bombardé, ma maison a été complètement détruite et brûlée, il ne me reste plus rien.
Or ce diplôme est pour moi d’une très grande valeur. j’ai été nommé officier de la légion d’honneur au mois de décembre 1929 alors que j’étais commandant du peloton des élèves officiers de réserve à l’école spéciale militaire de St-Cyr.
Je suis né le 13 juillet 1878 à Haussy (Nord), arrondissement de Cambrai, département du Nord.
Colonel en retraite Bruyère, réfugié – Hôtel du Midi – St-Léonard de Noblat (Hte Vienne) »
En 1943, il est de retour dans le Nord. Le 20 septembre, âgé de 65 ans, il épouse à Poix-du-Nord Lucienne Julie LOCQUENEUX, âgée de 29 ans, née à Poix-du-Nord le 24 mars 1914, fille d’Arthur LOCQUENEUX (°1871), tisseur, et de Marie Clémence REUMONT (1879-1967), ménagère.
Elle était veuve de Marcel Ovide Aurèle DIFFE, instituteur, qu’elle avait épousé à Poix-du-Nord le 13 novembre 1937 alors qu’il était sous-lieutenant au 110e R.I. à Dunkerque. Celui-ci était natif d’Amiens (Somme) le 8 mars 1915, fils de Maurice Aurèle DIFFE (1888-1961), employé, et de Laure Lucienne CHOMONT (1889-1960), ménagère. Il est « mort pour la France » des suites de ses blessures, le 2 juin 1940, à l’âge de 25 ans, au sanatorium de Zuydcoote (Nord) transformé en hôpital de campagne. Il était lieutenant de chasseurs.
Lucienne Julie LOCQUENEUX décédera à Villereau, près du Quesnoy (Nord), le 13 avril 2015 à l’âge de 101 ans. De son premier mariage elle avait deux fils qu’Adolphe BRUYÈRE a dû contribuer à élever.